Où l’on apprend que l’on chante le Bro Gozh dans certaines loges.
Arnaud d’Apremont vient de publier une somme sur la franc-maçonnerie en Bretagne. Son ouvrage révèle les particularités et les aspects « identitaires » de loges bretonnes.
Fruit d’un colossal travail d’enquête mené à la faveur d’un mémoire du Diplôme d’études celtiques, le livre d’Arnaud d’Apremont lève un voile sur la franc-maçonnerie en Bretagne.
Au terme de son étude auprès des loges et des salles humides (lieux maçonniques aux profanes), le journaliste et écrivain rennais malmène d’abord les fantasmes. Surtout, dans son ouvrage Le Compas et l’Hermine, il s’attache à révéler les spécificités de la franc-maçonnerie en Bretagne.
Véritable démarche sociologique, cette investigation dans le microcosme de cette franc-maçonnerie enveloppée de mystères permet aussi d’examiner ce panorama sacrément kaléidoscopique, d’inventorier et de démêler les nombreuses obédiences et loges implantées en Bretagne.
« Il s’agit d’une photographie, mais en aucun cas d’un jugement », prévient l’auteur.
Premiers initiés dès 1644
En terre armoricaine, l’origine de la présence des frères initiés n’est pas, loin de là même, anecdotique. Elle est même attestée avant l’officialisation de la maison mère et de référence en 1717, à Londres. Elle coïncide précisément à la guerre civile en Angleterre qui provoque l’exil de nombreux gentilshommes. Beaucoup vont faire souche en Bretagne, à l’image du célèbre facteur d’orgues, Robert Dallam.
Arnaud d’Apremont livre une histoire éclairée des premiers initiés en Bretagne, dès 1644, avec l’exode des Jacobites et leur implantation le long des ports de la Manche et de l’Atlantique. « Il existe une trace importante des frères parmi les armateurs ou encore des élèves des collèges jésuites de Quimper et de Brest », indique-t-il, envisageant même une très plausible filiation méthodologique entre les illustres Taolennoù de Michel Le Nobletz avec les tableaux de loges maçonniques.
Certains rituels en breton
C’est toute la trame de l’étude menée par Arnaud d’Apremont, qui réussit le tour de force d’exhumer et de dévoiler des orientations, des accessoires, des attributs et même des noms tirés des matières bretonne et celtique. C’est notamment le cas d’une obédience qui a adopté le tartan national breton.
Certaines loges utilisent même parfois des rituels en breton. Plus surprenant, d’autres vont jusqu’à entonner l’hymne national breton, le Bro gozh ma zadoù, en début de tenues. Il existe même un Bro gozh réadapté en version maçonnique… dont l’auteur s’est procuré les paroles.
« Rattachées au rite écossais, d’autres loges officient avec un glenngary (calot) orné d’un insigne distinctif : une hermine accompagnée de la devise bretonne, « Jamais souillée ».