1898-2018, l’éternelle jeunesse de l’hymne breton, Bro Gozh ma Zadoù

Ouest-France, 21 janvier 2018

par Bernez Rouz

C’est un tisserand gallois et son fils qui créèrent, en 1856, cet hymne à la terre natale. Cette mélodie Glan Rhondda (les rives de la rivière Rhondda) devint rapidement populaire dans le réseau des chorales galloises. Son titre trop local fut remplacé par la première strophe Hen Wlad fy Nhadau (le vieux pays de mes pères).

C’est le pasteur protestant gallois de Quimper, W.J. Jones, qui adapta le premier ce chant en breton sous la forme d’un cantique Doue ha va bro (Dieu et mon pays) publié en 1895. Pep breizhat tomm-galon a gar mat e vro, Bro Arvor ‘zo brudet dre’r bed tro war-dro; Er brezel kalonek, hon tadoù ervat A skuilhas eviti o gwad (Chaque Breton de cœur aime son pays.. L’Armor est connu de par le monde. Courageux dans les guerres, nos aïeux versèrent leur sang pour lui). Cette version religieuse protestante n’avait aucune chance d’être popularisée vu la prépondérance écrasante de l’Eglise catholique à l’époque.

Chant national breton

Une autre version écrite par François Taldir Jafrennou fut publiée dans un journal catholique de Morlaix en 1898: Breizh, douar ar sent kozh, douar ar varzhed, N’eus bro all a garan kement ‘barzh ar bed. Pep menez, pep traoñienn, d’am c’halon ‘zo ker, Eno kousk meur a Vreizhad taer (Bretagne, terre des vieux saints, des bardes, il n’est d’autres pays du monde que j’aime autant. Chaque montagne, chaque vallée sont chères à mon coeur. Là dorment plus d’un Breton héroïque).

Le Bro Gozh, symbole des relations interceltiques, est adopté comme « chant national breton » par l’union Régionaliste Bretonne en 1903. Le refrain rappelle que la mer n’est pas un obstacle mais un lien entre les peuples: O Breizh, ma bro, me gar ma bro. Tra ma ‘vel mur ‘n he zro, Ra vezo digabestr ma bro ! (O Bretagne, mon pays, j’aime mon pays. Tant que la mer sera comme une frontière autour d’elle, Que mon pays s’en affranchisse).

Dépassant rapidement les cercles militants, il devient très populaire entre les deux guerres. Le maréchal Foch en 1920 à Morlaix, puis plusieurs présidents de la République, sont accueillis aux accents du Bro Gozh.

Il a été consacré récemment à Rennes par l’émouvante interprétation de l’Orchestre Symphonique de Bretagne. Les Gallois, les Cornouaillais, les Bretons et le peuple Khasi en Inde peuvent être fiers de leur hymne commun à l’accent humaniste et international.

Prix Bro Gozh 2016: Kanomp Breizh et le COCELIC récompensés lors du Breizh a Gan

plouguerneau-le-prix-bro-gozh-2016-decerne-kanomp-breizh

Lena Louarn, Yann-Ber Thomin et Jacques-Yves Le Touze, lors de la remise du Prix Bro Gozh 2016 à Kanomp Breizh. Photo Ouest-France.

C’est dans une église de Plouguerneau pleine et devant des centaines de personnes que les Prix Bro Gozh 2016 ont été décernés au cours du Breizh a Gan ce dimanche 4 décembre.

Lors de cette après-midi dédiée au chant choral de langue bretonne, 5 chœurs ont présenté un répertoire très divers, traditionnel et contemporain, dans des styles différents reflétant la richesse actuelle de l’expression chorale brittophone.

L’occasion aussi en interprétant la cantate Ar Marc’h Dall de rendre hommage à René Abjean, originaire de Plouguerneau, compositeur, musicien, ancien président de Kanomp Breizh, hommage salué par une « standing ovation » des 700 personnes présentes.

Après une introduction du président du Comité Bro Gozh, le maire de Plouguerneau, Yannig Robin, a salué le travail des chœurs d’expression bretonne, l’importance de la symbolique du Bro Gozh et les réalisations du COCELIC en remettant le Trophée Bro Gozh 2016 à Jacques Guermont , président du Comité d’organisation du Championnat européen des Luttes Celtiques. Dans sa réponse, M. Guermont a souligné la nécessité des liens entre culture et sport et a annoncé l’organisation en septembre 2018 d’un nouveau rendez-vous autour des luttes celtiques.

Ce fut ensuite au tour de Lena Louarn, vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, de prendre la parole et d’insister sur la richesse des liens entre la Bretagne et le Pays de Galles,   la langue bretonne qui nécessite un engagement global de tous les acteurs à travers la Bretagne pour assurer son avenir et enfin le travail réalisé par Kanomp Breizh, lauréat 2016 du Prix Bro Gozh. Dans sa réponse, Yann Ber Thomin, président de Kanomp Breizh, a souligné l’importance du symbole du Bro Gozh pour la renaissance culturelle bretonne et la place centrale du chant choral d’expression bretonne dans ce renouveau depuis un siècle.

Et c’est sur un Bro Gozh lancé par les 200 choristes présents et repris par la foule que cette édition 2016 prit fin.

Les Prix Bro Gozh remis le 4 décembre à Plouguerneau

kanompbreizh

Ouest-France, le 25 novembre 2016

Le prix Bro Gozh récompense ceux qui œuvrent pour transmettre l’hymne breton. Il sera remis à Kanomp Breizh, à Plouguerneau, le 4 décembre.

« Après Alan Stivell, Nolwenn Leroy et le Stade Rennais, le prix Bro Gozh ira à Kanomp Breizh, fédération des chorales bretonnes sur les 5 départements bretons, annonce Jacques-Yves Le Touze, président du comité Bro Gozh ma Zàdou. C’est une récompense pour l’ensemble de leur travail et leur rôle dans la transmission du Bro Gozh en tant qu’hymne national de notre pays depuis un siècle. »

Reconnu comme le Gwenn ha Du

Après le centenaire de l’hymne breton Bro Gozh ma Zàdou, célébré à Lesneven, en 2004, le comité a décidé de créer une distinction pour l’artiste, la personne, l’association ou l’institution qui a le mieux promu l’hymne pendant l’année.

« C’est une manière de populariser ce chant connu depuis plus d’un siècle, et que les Bretons se l’approprient, poursuit Jacques-Yves Le Touze. C’est en chantant le Bro Gozh à toutes les occasions que nous ferons vivre ces liens précieux et exprimerons tout à la fois notre singularité et notre universalité. »

Le prix 2016 sera remis par Léna Louarn, vice-présidente de la région et présidente de l’Office public de la langue bretonne, lors du 35e festival Breizh a Gan, à Plouguerneau, dimanche 4 décembre. Cet événement rassemble plus de 250 choristes. Cinq chœurs seront présents, ainsi que l’ensemble choral Kanomp Breizh qui rendra hommage à René Abjean, compositeur reconnu et soutien de la fédération.

Le premier trophée Bro Gozh sera remis au Comité d’organisation des championnats de luttes celtiques (Cocelic). « Ils ont organisé le Championnat européen de luttes celtiques début 2016 à la Brest Arena. Cette organisation a intégré le Bro Gozh à son protocole en tant qu’hymne national de la Bretagne », justifie Jacques-Yves Le Touze.

Une initiative que le comité voudrait voir se développer dans le monde sportif et lors des grandes manifestations bretonnes, afin que l’hymne breton soit reconnu comme le drapeau breton, le Gwenn ha Du. « Symbole de notre pays, de Brest à Fougères et de Saint-Malo à Nantes, le Bro Gozh est un lien entre tous les habitants de la Bretagne mais aussi un lien unique entre quatre peuples qui le partagent, les Bretons bien entendu, les Gallois, les Cornouaillais britanniques et les Khasis, peuple de l’Inde orientale… »

Dimanche 4 décembre, à 15 h, concert en l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Plouguerneau. Tarifs : de 10 à 12 €. Renseignements au 06 32 29 79 29 ou sur kanompbreizh.org

Prix Bro Gozh 2016, le dimanche 4 décembre à Plouguerneau.

Le Télégramme, 24 novembre 2016

invitation-gouel-bro-gozh-2016-recto

Le Prix 2016 Bro Gozh, l’hymne national breton, revient à la fédération Kanomp Breizh qui regroupe les chorales d’expression bretonne et organise le dimanche 4 décembre, à Plouguerneau, la 35e édition du Festival Breizh a Gan.

Alan Stivell, Nolwenn Leroy ou le Stade Rennais ont été les précédents lauréats du prix Bro Gozh. Cette récompense, créée en 2010, distingue la personne, l’artiste, l’association ou l’institution ayant assuré la meilleure promotion de l’hymne national breton au cours de l’année précédente. Une initiative soutenue par le conseil régional. Le prix 2016 sera décerné par Lena Louarn, vice-présidente du conseil régional chargée des langues de Bretagne, à la fédération Kanomp Breizh, mettant ainsi en valeur le travail réalisé par les chorales d’expression bretonne depuis des décennies et leur rôle dans la transmission du Bro Gozh. La remise des prix aura lieu lors de la 35e édition du festival de chant choral breton Breizh a Gan, qui aura lieu le dimanche 4 décembre en l’église de Plouguerneau. Il réunira cinq chorales du Léon et l’ensemble choral Kanomp Breizh, qui rendra hommage à René Abjean pour ses 80 ans en interprétant la cantate « Ar Marh dall » (« Le cheval aveugle »).

 

Un trophée met en valeur un événement


Cette année, outre le prix Bro Gozh matérialisé par une œuvre de l’artiste gallois Ieuan Rees, un trophée Bro Gozh réalisé par les ateliers Toulhoat a été créé pour mettre en valeur un événement. C’est le Comité d’organisation des championnats de luttes celtiques (Cocelic), organisateur des rencontres internationales de lutte à l’Arena de Brest, qui l’obtient pour avoir intégré dans son protocole le Bro Gozh. « On essaye de promouvoir le Bro Gozh dans tous les milieux y compris le sport. Au pays de Galles, lors des matches, tout le monde chante l’hymne national gallois. Plusieurs clubs s’y mettent. C’est le cas du club de rugby de Vannes », souligne le président du comité, Jacques-Yves Le Touze. Le « Bro Gozh ma Zadoù », l’hymne breton qui signifie « Vieux pays de mes pères » et dont la mélodie est inspirée de l’hymne national gallois, est également joué en Cornouaille Britannique et par le peuple Khasi dans le nord-est de l’Inde.

Dimanche 4 décembre à 15h, Église Saint Pierre et Saint Paul, Plouguerneau .

Le Bro Gozh, la jeunesse retrouvée d’un hymne

Cultures bretonnes 2013 (Ouest-France), page 19.

Dans le numéro 2013 de « Cultures bretonnes » 2013, Jean-Laurent Bras revient sur la « jeunesse retrouvée » du Bro Gozh.

culturesbretonnes2013

« Bretons et Gallois, mais aussi Cornouaillais britanniques et Khasis, un peuple de l’Inde, partagent depuis plus d’un siècle le même hymne.

Le Hen Wlad fy Nhadau (Vieux pays de mes Pères) a toujours été chanté à gorge déployée par les rugbymen gallois et leurs supporters. De ce côté-ci de la Manche, son pendant breton, le Bro Gozh ma Zadoù, n’était en fait véritablement connu que par les chorales et les anciens Jusqu’à ce qu’Alan Stivell, lors de la fameuse finale de la Coupe de France Rennes-Guingamp, en 2009, ne le fasse résonner dans le Stade de France. La superbe interprétation du Bro gozh par Nolwenn Leroy, sur son album Bretonne en a donné au Vieux pays de nos pères, un sacré coup de jeunesse et une diffusion qu’il n’avait jamais connu.

Cette renaissance et cette popularisation de l’hymne breton sont largement dues au travail mené depuis plusieurs années par le Comité Bro Gozh ma Zadoù, une association fondée par des militants culturels (….), la fédération des chorales d’expression bretonne Kanomp Breizh, la fédération des comités de jumelage Bretagne – Pays de Galles, l’Institut Culturel de Bretagne et la municipalité de Lesneven qui vit, en 1903, l’adoption du Bro gozh comme hymne national breton.

Après avoir décerné le Prix Bro Gozh à Alan Stivell en 2011, puis à Nolwenn Lroy en 2012, le prix 2013 sera attribué au Stade Rennais qui diffuse l’hymne breton avant chacun de ses matchs à domicile. C’est d’ailleurs au stade de la route de Lorient que le prix devrait lui être officiellement remis, le 18 mai prochain ( Note du Comité: en fait, en novembre 2013) .