Yannig Robin, maire de Plouguerneau a remis le Trophée Bro Gozh 2016 au COCELIC lors du Breizh a Gan du 4 décembre dernier.
Voici son discours:
« Bonjour d’an holl ha trugarez vraz evit an abadenn mañ, amañ e Plougerne, er barez René Abjean. Loc’h a zo en ennomp e ano Plougerne, da zegemer ac’hanoc’h. Loc’h a zo en ennomp ivez da vezañ ganeoc’h evit lidañ an deiz ha bloaz René. Trugarez vraz René evit da labour ken braz, ken don, evit Breizh hag evit ar Brezhoneg. Ur gerig evit Marc’h dall (1978), an trede marc’h goude hini al loc’h gant Per Jakez Heliaz (1975) hag ar respont Xavier Grall gant « le cheval couché » (ar marc’h gourvezet) (1977). Ur vouez all eo ar Marc’h dall, savet gant Job An Irien ha René, war an hent etre an amzer tremenet, an amzer a vremañ hag an amzer da zont.
Arabat deomp ni bezañ dall. Red eo deomp mont en dro war hon istor, tennañ gounid d’ar gwellañ traoù resevet gant an tadoù kozh, reiñ ar gwellañ gounid evit an amzer a-vremañ hag an amzer da zont… Evel pezh meus klevet gant Job war an tele bloavezhioù zo gant Marie Kermarec : « Hor bro zo vel ur marc’h dall, Piv oar da belec’h ez a hi. Deomp ni da ober an hent ! ». Comme j’ai pu l’entendre de la bouche de Job an Irien interviewé par Marie Kermarec : « Notre pays est comme un cheval aveugle. Qui peut dire dans quelle direction il va ? A nous de tracer le chemin ! »
Bonjour à tous et un grand merci pour cette rencontre exceptionnelle ici à Plouguerneau, commune de René Abjean. Nous sommes fiers, au nom des habitants de Plouguerneau, de vous recevoir chez nous. Nous sommes fiers de nous associer à cette fête de René. Merci René pour tout ce que tu as pu faire et ce que tu continues de faire encore pour la Bretagne et pour notre langue bretonne. Un petit mot concernant ar Mac’h dall (le cheval aveugle). Il s’agit du troisième cheval après le cheval d’orgueil de Per Jakez Heliaz et la réponse qui lui a été faite par Xavier Grall dans son cheval couché. Ces trois chevaux sont emblématiques des questions qui nous traversent encore aujourd’hui. Du passé, au présent et à l’avenir… comment oeuvrer avec ce que nous avons reçu de notre histoire et de nos ancêtres pour ne pas devenir des hommes et des femmes hors sol ? Comment ne pas devenir des hommes et des femmes aveugles, qui oublient que nous sommes construits de ceux qui nous ont précédés et que nous avons, comme passeurs, à transmettre à nos contemporains et celles et ceux qui nous suivront, ce que la Bretagne nous a donné de meilleur. Sa langue (Je dirai plutôt ses langues pour le gallo d’origine que je suis) et toutes autres formes de contribution à notre croissance en humanité.
Il me revient l’honneur de remettre le trophée Bro gozh au COCELIC, le Comité d’Organisation des Championnats de Luttes Celtiques. Le COCELIC a intégré dans son protocole le Bro Gozh en tant qu’hymne national de la Bretagne. Cet hymne là, (Nous en avons deux autres à Plouguerneau : « Da feiz an tadoù kozh et Gwerzh ar vezhinerien), dont l’air est partagé avec nos cousins gallois et cornouaillais, invite au dépassement et à l’ouverture. Cet hymne là, le notre, le vôtre, nous renvoie à toute l’importance de nous nous nourrir de nos racines et de ce que nous sommes. Cet hymne nous renvoie à la force et la beauté de notre Bretagne de naissance ou d’adoption, qui que nous soyons et d’où que nous venions. Cet hymne se conjugue avec notre gwenn ha du. « Ne vez ket livet gwenn war venn ha du war zu peb hini neus ezhomm an eil evit reiñ ar gwellañ dioutañ. ». Comme a pu le dire Manu Dibango le chanteur et musicien camerounais : « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler. » Kement hag ober ! Il n’y a plus qu’à faire ! Il s’agit là d’une nourriture qui, bien loin de nous enfermer, est, au contraire, susceptible de vivifier l’intérêt pour l’autre et ce qu’il a de différent. L’intérêt pour les autres !
Merci, trugarez vraz, mil bennoz deoc’h evit Breizh hag ar brezhoneg ! »