37e Breizh A Gan. Le Bro Gozh Ma Zadou en clôture

Sarah Coent, à la harpe, avec l’ensemble instrumental (bombarde, flûte, orgue, basse) pour accompagner Jean-Marie Airault.

Le Télégramme, 6 décembre 2018

e Bro Gozh Ma Zadou (Vieux pays de mes pères) a retenti, dimanche 2 décembre, à la basilique Notre-Dame de Délivrance, porté a cappella par les 250 spectateurs au concert exceptionnel donné lors de la 37e édition du Breizh A Gan. Un moment émouvant pour clôturer ce festival du chant choral breton ouvert par les chorales Kanomp ar Vro Sant Brieg, dirigé par Jean Oriac, de Kanerien ar Goëlo, dirigé par Louise Izem et le chœur Mouezh Paiotred Breizh, champion de Bretagne 2018. Puis, l’ensemble choral a pris place, 120 chanteurs issus de seize chorales membres de Kanomp Breizh et composé par sept chefs de chœur de la fédération Kanomp Breizh ont interprété la cantate écrite par Patrick Corlay « An aval hag ar C’halis » (La pomme et le cidre) sous la direction de Jean-Marc Airault.

La porte-parole de Kanomp Breizh, Armelle le Guillou a apprécié cette 37e édition : « La reprise par l’assistance qui s’est levée pour entonner le Bro Gozh a été un moment impressionnant. Les chorales ont assuré, c’est un succès quant à la qualité mais on n’a pas eu l’affluence habituelle qui approche les 500 personnes pour ce rendez-vous. Beaucoup avaient réservé mais ne sont pas venus, les gilets jaunes nous ont joué un mauvais tour ». Jean-Marie Airault, chef de chœur a reconnu « Beaucoup de travail fait. C’est sans fin. La perfection n’est pas de ce monde », a ajouté le mélomane.

Breizh a Gan de Ste Anne d’Auray, le Bro Gozh en final

Une partie des 300 choristes. Photo Kanomp Breizh.

Ce dimanche 3 décembre avait lieu le Breizh a Gan en la basilique de Ste Anne d’Auray, organisé par Kanomp Breizh, l’occasion notamment de rendre hommage à Yann-Ber Kalloc’h. C’est par un magnifique et énergique Bro Gozh avec l’église entière debout et chantant que se termina cette émouvante après-midi.

 

Lena Louarn : « Que le Bro Gozh devienne le chant de l’unité de tous les Bretons, un chant serein, empli de confiance en l’avenir. »

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Lena Louarn, à gauche, lors de la remise du Prix Bro Gozh 2017, à Kanomp Breizh, représenté par Yann-Ber Thomin.

Lena Louarn, vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, a remis le Prix Bro Gozh 2016 à Kanomp Breizh lors du Breizh a Gan du 4 décembre dernier.

Voici son discours:

Ken bev ha biskoazh !

Da-geñver kib ar bed ar vell-droad ez eus bet ur skipailh en deus sebezet an holl : hini Kembre. Douget eo bet gant e gan broadel, Hen Wlad fy Nhadau, en deus tregernet e stadoù Frañs. Gant berzh ar skipailh ez eo bet kadarnaet arouez ar c’han broadel. Kembraeger pe get, an holl a oar anezhañ, tra an holl eo. Hag ar c’hembraeg e-unan a zeu da vezañ yezh holl Gembreiz daoust ma n’eo ket yezh ar muianiver.

Dont a ra an degouezh-mañ da greñvaat youl Kembreiz da dizhout ur pal nevez : bezañ ur milion a gembraegerien a-benn 2050. Pa soñjer e oa muioc’h a vrezhonegerien eget a gembraegerien e deroù an XXvet e verzer pegen disheñvel eo bet an traoù en div vro. Ha gwall ziaes e vefe deomp embann ur pal evit a sell ouzh an niver a vrezhonegerien e 2050… N’emaomp ket c’hoazh tamm ebet an deiz a hiriv er par da lakaat niver ar vrezhonegerien da greskiñ. Lakaat anezhañ da chom hep diskenn muioc’h eo ar pal, hag a zo pell a vezañ tizhet c’hoazh.

Evit kaout fiziañs ha spi en dazont e rank ar brezhoneg bezañ tra an holl Vretoned, ha pa ne gomzfent ket ar yezh. Un arouez a bouez eo neuze Bro Gozh ma Zadoù a groger da glevet muioc’h-mui e lidoù a bep seurt, e lazoù-kanañ Breizh e dibenn an abadenn, hag abaoe nebeut en hor stadoù ivez. Ra zeuio da vezañ kan an holl Vretoned, ur c’han seder, leun a fiziañs en dazont. Ha ra chomo hor yezh bepred ken bev ha biskoazh !

A l’occasion de la coupe du monde de football une équipe a retenu l’attention de tous : l’équipe du Pays de Galles. Elle a été portée par son hymne national, Hen Wlad fy Nhadau, qui a résonné dans les stades de France. Le succès de l’équipe a encore renforcé le symbole de l’hymne national. Galloisant ou pas, chaque Gallois le connaît et le fait sien. Et par là même c’est ce sont tous les Gallois qui s’approprient la langue bien qu’elle ne soit pas la langue de la majorité d’entre eux

Cet événement vient renforcer la volonté des Gallois d’atteindre un nouvel objectif : être 1 million de locuteurs en 2050. Quand on pense qu’il y avait plus de personnes à parler breton que gallois au début du XXème siècle on mesure mieux combien le destin des deux pays a été différent. Et nous serions bien en peine d’afficher un objectif quant au nombre de brittophones en 2050… Nous n’en sommes pas encore à envisager l’augmentation du nombre de locuteurs. L’objectif est de faire en sorte qu’il cesse de décroître le plus vite possible, et il reste du chemin à faire.

Pour nourrir la confiance en l’avenir il est primordial que tous les Bretons fassent leur la langue bretonne, quand bien même ils ne parlent pas. Bro Gozh ma Zadoù est un symbole important que l’on entend de plus en plus fréquemment dans les cérémonies, les chorales en fin de représentation, et depuis quelques années dans les stades. Que BRO GOZH MA ZADOU devienne le chant de l’unité de tous les Bretons, un chant serein, empli de confiance en l’avenir. Que notre langue reste toujours aussi vivante à jamais  !

Yannig Robin, maire de Plouguerneau: « Le Bro Gozh nous renvoie à la force et la beauté de notre Bretagne de naissance ou d’adoption ».

 yannig-robinYannig Robin, maire de Plouguerneau a remis le Trophée Bro Gozh 2016 au COCELIC lors du Breizh a Gan du 4 décembre dernier.

Voici son discours:

« Bonjour d’an holl ha trugarez vraz evit an abadenn mañ, amañ e Plougerne, er barez René Abjean. Loc’h a zo en ennomp e ano Plougerne, da zegemer ac’hanoc’h. Loc’h a zo en ennomp ivez da vezañ ganeoc’h evit lidañ an deiz ha bloaz René. Trugarez vraz René evit da labour ken braz, ken don, evit Breizh hag evit ar Brezhoneg. Ur gerig evit Marc’h dall (1978), an trede marc’h goude hini al loc’h gant Per Jakez Heliaz (1975) hag ar respont Xavier Grall gant « le cheval couché » (ar marc’h gourvezet) (1977). Ur vouez all eo ar Marc’h dall, savet gant Job An Irien ha René, war an hent etre an amzer tremenet, an amzer a vremañ hag an amzer da zont.

Arabat deomp ni bezañ dall. Red eo deomp mont en dro war hon istor, tennañ gounid d’ar gwellañ traoù resevet gant an tadoù kozh, reiñ ar gwellañ gounid evit an amzer a-vremañ hag an amzer da zont… Evel pezh meus klevet gant Job war an tele bloavezhioù zo gant Marie Kermarec : « Hor bro zo vel ur marc’h dall, Piv oar da belec’h ez a hi. Deomp ni da ober an hent ! ». Comme j’ai pu l’entendre de la bouche de Job an Irien interviewé par Marie Kermarec : « Notre pays est comme un cheval aveugle. Qui peut dire dans quelle direction il va ? A nous de tracer le chemin ! »

Bonjour à tous et un grand merci pour cette rencontre exceptionnelle ici à Plouguerneau, commune de René Abjean. Nous sommes fiers, au nom des habitants de Plouguerneau, de vous recevoir chez nous. Nous sommes fiers de nous associer à cette fête de René. Merci René pour tout ce que tu as pu faire et ce que tu continues de faire encore pour la Bretagne et pour notre langue bretonne. Un petit mot concernant ar Mac’h dall (le cheval aveugle). Il s’agit du troisième cheval après le cheval d’orgueil de Per Jakez Heliaz et la réponse qui lui a été faite par Xavier Grall dans son cheval couché. Ces trois chevaux sont emblématiques des questions qui nous traversent encore aujourd’hui. Du passé, au présent et à l’avenir… comment oeuvrer avec ce que nous avons reçu de notre histoire et de nos ancêtres pour ne pas devenir des hommes et des femmes hors sol ? Comment ne pas devenir des hommes et des femmes aveugles, qui oublient que nous sommes construits de ceux qui nous ont précédés et que nous avons, comme passeurs, à transmettre à nos contemporains et celles et ceux qui nous suivront, ce que la Bretagne nous a donné de meilleur. Sa langue (Je dirai plutôt ses langues pour le gallo d’origine que je suis) et toutes autres formes de contribution à notre croissance en humanité.

Il me revient l’honneur de remettre le trophée Bro gozh au COCELIC, le Comité d’Organisation des Championnats de Luttes Celtiques. Le COCELIC a intégré dans son protocole le Bro Gozh en tant qu’hymne national de la Bretagne. Cet hymne là, (Nous en avons deux autres à Plouguerneau : « Da feiz an tadoù kozh et Gwerzh ar vezhinerien), dont l’air est partagé avec nos cousins gallois et cornouaillais, invite au dépassement et à l’ouverture. Cet hymne là, le notre, le vôtre, nous renvoie à toute l’importance de nous nous nourrir de nos racines et de ce que nous sommes. Cet hymne nous renvoie à la force et la beauté de notre Bretagne de naissance ou d’adoption, qui que nous soyons et d’où que nous venions. Cet hymne se conjugue avec notre gwenn ha du. « Ne vez ket livet gwenn war venn ha du war zu peb hini neus ezhomm an eil evit reiñ ar gwellañ dioutañ. ». Comme a pu le dire Manu Dibango le chanteur et musicien camerounais : « On ne peut pas peindre du blanc sur du blanc, du noir sur du noir. Chacun a besoin de l’autre pour se révéler. » Kement hag ober ! Il n’y a plus qu’à faire ! Il s’agit là d’une nourriture qui, bien loin de nous enfermer, est, au contraire, susceptible de vivifier l’intérêt pour l’autre et ce qu’il a de différent. L’intérêt pour les autres !

Merci, trugarez vraz, mil bennoz deoc’h evit Breizh hag ar brezhoneg ! »

Le Breizh a Gan et le Prix Bro Gozh 2016 sur France 3 Iroise

Pour sa 35ème édition, le rassemblement Breizh a gan, dédié au chant choral breton, se tenait dimanche 4 décembre à Plouguerneau. 120 choristes ont repris la cantate Ar Marh Dall, écrite par Job an Irien et René Abjean en 1975, avant que Kanomp Breizh et le COCELIC reçoivent respectivement le Prix Bro Gozh 2016 et le Trophée Bro Gozh 2016. La journée s’est terminée sur un vibrant Bro Gozh repris par les 700 choristes et spectateurs présents.